Peuple de pêcheurs et de marins, les okinawaiens se devaient de développer une technique d’utilisation martiale à partir de l’un de leur principal outil de navigation. La rame en question, qui tient plutôt de la godille, est plus lourde et un peu moins longue que le Bō. Le manche mesure environ 1m ; une spatule de 60cm, à section ronde d’un côté et triangulaire de l’autre, est terminée par une pointe. Son maniement, du fait de sa dissymétrie et de la présence de la spatule, est assez sensiblement différent du Bō.
En bonne logique, les mouvements de l’Eku empruntent au coulé et au ressac des vagues. Ils font aussi appel au sable des plages, projeté d’un geste sec dans les yeux de l’agresseur.
C’est une arme tout à fait passionnante, très physique, et qui n’est pas sans présenter des analogies profondes avec les armes dites de « hast » (à long manche), comme les hallebardes ou autres fauchards.
Il faut rappeler à ce propos que l’idéogramme « Bu » de Budo, qui signifie « guerrier », se lisait autrefois comme l’assemblage de deux caractères : « hallebarde / lance » et « arrêter ». Dans la logique extrême-orientale, l’idée de « combat / opposition » pouvait aussi être comprise comme son quasi contraire « harmonie ». L’Eku, nous l’espérons, vous apportera un peu de l’éternelle harmonie ; celle de la « vague salée de la mer ».